Assassinat à la Vieille-Lyre

Publié le par Laurent Ridel

point.gifIl est sept du soir, ce mardi 12 octobre de l'an 1740. Le boulanger de la Vieille-Lyre, Chénot, rentre chez lui. La nuit commence à tomber. L'homme espère trouver un peu de chaleur auprès de la cheminée mais quand il entre dans sa maison, il est surpris par la froideur qui y règne. Sa femme a-t-elle oublié de faire du feu ? Il s'approche du foyer dont les braises sont éteintes. Soudain, il ouvre la bouche de stupeur : au pied de la cheminée, le corps de sa femme est allongé dans une mare de sang. Un meurtre à la Vieille-Lyre !

point.gifLa nouvelle fait rapidement le tour du bourg. Dans la soirée, les habitants se succèdent dans la maison du boulanger pour voir le corps. Quelques-uns touchent les mains de la victime : elles sont froides. Le meurtre remonte peut-être à ce matin. Des témoins assurent avoir vu vers 8h30 la femme assister à la messe de la Neuve-Lyre. En rentrant chez elle, elle a dû surprendre un voleur. En effet, Chénot a remarqué que quelqu'un avait fouillé dans son coffre en bois et dérobé des louis d'or et des bagues. Riche de son butin, le voleur a tué la femme pour protéger sa fuite.
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point.gifFrançois Philippe Morin, le lieutenant général au criminel du bailliage de Breteuil, est chargé de l'instruction. Il reçoit le rapport des chirurgiens (bien sûr, il n'y avait pas à cette époque de médecins-légistes). La victime, Marie Herquier, est morte de trois coups de couteau : un porté à la gorge et deux à l'abdomen. Mais ce sont les témoignages qui font rapidement avancer l'enquête. Plusieurs témoins mettent en avant l'attitude très étrange d'un certain Jacques Genty. Marchand mercier âgé de 45 ans, il est le voisin de Marie Herquier. Des femmes l'ont vu rôder autour de la maison du boulanger le jour du meurtre. Surtout, affirme Pierre Loiseau, un autre témoin, quand il est venu voir le corps le soir, Genty avait « le visage effacé, les yeux égarés et les dents lui claquant dans la bouche » (!). Il confesse à un Lyrois qu'il connaît le meurtrier mais qu'il ne peut pas le dire. Il raconte enfin à un autre habitant qu'un espion est venu le voir pour s'informer sur le meurtre. Confondu par ce comportement si particulier, Jacques Genty est arrêté le 15 octobre et jeté dans la prison de Breteuil.

point.gifInterrogé par le lieutenant général, l'accusé nie pourtant être le meurtrier. Pendant un an et demi, il est gardé prisonnier mais il ne change pas d'attitude.

point.gifLors du dernier interrogatoire, on lui apporte un siège en bois, une sellette, et on lui demande de s'asseoir dessus (l'expression « mettre quelqu'un sur la sellette » vient de cette pratique). L'interrogatoire est centré sur la seule pièce à conviction de l'enquête : une chemise retrouvée au domicile de l'accusé. Mais pas n'importe quelle chemise : on distingue dessus quelques tâches rouges. Du sang ! Genty répond que ce sont juste des tâches de cerise ou de mûre. Sa femme, arrêtée aussi, essaie de trouver une meilleure défense pour son mari : elle confirme que c'est bien du sang mais il provient d'une mauvaise saignée faite par le chirurgien de la Vieille-Lyre. Vous savez probablement qu'autrefois on ouvrait les veines d'un malade car on croyait ainsi évacuer de son corps le mauvais sang. Étrange pratique mais qui pouvait justifier les traces sur la chemise. Malheureusement, le chirurgien lyrois avoue n'avoir jamais fait de saignée à Jacques Genty.

point.gif Le 20 mars de l'an 1742, la sanction tombe : Jacques Genty est condamné à faire amende honorable de son crime devant l'église de Breteuil une torche à la main et la corde au cou. Il sera ensuite emmené sur la place publique où il sera pendu.

point.gif Jacques Genty était-il coupable ? Les témoignages sont sérieusement contre lui mais j'ai remarqué que les habitants ne le portaient pas dans leur coeur. Certains témoins n'étaient pas mécontents de l'enfoncer. On lui mit sur le dos une attaque à main armée dans la forêt de Conches alors qu'il n'y avait pas de preuves. Le seul témoin, la victime, avoua ne pas reconnaître son agresseur car celui-ci portait au moment de l'attaque un mouchoir qui lui cachait la moitié du visage.
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C
Vous racontez bien les hsitoires, Mr Ridel!
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G
Tous les mois j'attends avec impatiente votre article,quel bonheur d'avoir des infos sur ces deux villages.Félicitations .Odile
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